Si vous prenez les chemins de traverse entre Figueres, la
plus française des villes catalanes et Banyuls-sur-mer la plus catalane des
villes françaises, à mi-chemin sur une route sinueuse qui file dans un paysage
accidenté rappelant les Alpilles :
vignes, oliviers et pinèdes, arrêtez-vous au village d’Espolla perché
sur sa colline. Faites le plein d’huile d’olive de l’Alt Empordà à la cave coopérative et
allez prendre un vermouth maison au bar-social La Fraternal tenu par Josep.
Comme vous y êtes invités « Si tu veux des escargots,
Josep t’en servira ». La cassolette d’escargots à la butifarra negra, une
charcuterie typiquement catalane entre l’andouillette et le boudin noir, vaut
largement le détour : rien à voir avec les cantines aux lumières blafardes
de La Jonquera et beaucoup plus pittoresque que les stations balnéaires de la
côte. Le bar-social est une institution en Catalogne depuis le post-franquisme.
Pour maintenir le lien social entre leurs administrés et donc prévenir l’exode
rurale, les maires des petites communes ont pris l’habitude de mettre à
disposition d’une association un local polyvalent qui se transforme volontiers
en bar le week-end… et les soirs de match.
La Fraternal d’Espolla est devenu avec le temps un
bar-restaurant avec sa salle privée où sont organisés des banquets qui peuvent se transformer en soirées dansantes. Pas de
menu, le repas est à la catalane, une pica-pica avec l’apéro, un assortiment de
tapas à partager, une assiette de
charcuteries locales servie avec une salade composée minimaliste et en plat de
résistance : ce que la mère et les grandes-tantes de Josep ont cuisiné.
Oui car même si Josep est toujours disposé à te servir des « cargols amb
botifarra » ce n’est pas vraiment lui qui les prépare… Un coup de fil
préalable pour réserver une table dressée sur une nappe en papier et si
possible loin de l’écran plasma, du babyfoot blaugrana (les couleurs du Barça)
ou du flipper Terminator 3 et surtout pour s’assurer qu’il y aura des escargots
et… du sanglier. Des Français passent la frontière entre septembre et avril le
week-end pour se délecter du sanglier de Josep dans cette ambiance tellement
« Socialisme et Traditions ». Si la mer a été bonne, on peut aussi
commander une paella ou un arroz negro.
Je connais leur cachette : dans les souches de vigne |
La saison des gibiers ne fait que commencer sous ces
latitudes, mais les pluies ont suffit à faire sortir ces charmantes bêtes à
cornes que les Catalans cuisinent à toutes les sauces depuis le
Moyen-Age : source de protéines bon marché et accessibles à tous. Un petit
redoux entre deux pluies la semaine dernière a précipité une petite
cinquantaine de bêtes à cornes dans mon filet. Une semaine de jeûne réglementaire et
ils sont tous là, prêts à être dévorés en tapa. Si vous pratiquez le homemade,
la méthode pour les faire baver et les cuire c’est par ici, âmes sensibles
s’abstenir. Dernier détail vanat de passer à l’action, cette cassolette se fait
en 10 minutes chrono, plus fort que Jamie Oliver, si tout les ingrédients sont
à température ambiante. Si vous n’avez pas de butifarra negra ni de morcilla,
vous pouvez la remplacer par du boudin noir nature, mais aux oignons ce sera
meilleur.
Préparation : 10 mn – Ingrédients pour 4
personnes : 30/40 escargots petit-gris cuits – 1 boudin noir aux oignons –
1 tranche de poitrine fumée – poivre du moulin – persil plat ciselé –
Progression : Dans une poêle, faire suer 5 minutes à feu moyen la poitrine
fumée détaillée en lardons. Mettre à chauffer la cassolette de service en
versant un peu d’eau chaude au fond. Pendant ce temps, ouvrir la boudin noir
dans sa longueur, retirer la chair et l’écraser à la fourchette. Quand les
lardons ont bien sué et commencent à dorer, rajouter les escargots et la chair
de boudin, bien mélanger pour intimer les ingrédients. Vider l’eau de la
cassolette chaude, verser la préparation dedans, donner quelques tours de
moulin à poivre, saupoudrer de persil plat ciselé et servir.
Os cuento : de vez en cuando, solemos ir al bar-social La Fraternal del pueblo Espolla (no os rieis, porfa) en el Alt Empordà donde se puede comer cargols amb botifarra de antologia que preparen la madre y las tias de Josep, el dueño. No es precisamente un restaurante de alta cocina pero no podemos perdernos lo que Josep puede servirnos a continuacion : jabali, paella, manitas de cerdo... cosas para chuparse los dedos seguro. Doy la receta de sus cargols amb botifarra, si no encontreis butifara negra, se puede sustituir con morcilla y un poco de panceta.
http://recettes.de/cuisinecatalane |
Comment attraper des escargots? En saisir un et le déguiser en veuf...
puis attendre que les autres viennent lui présenter ses condoléances!
(blague de l'ami Victor Le Mince)
¿Como coger caracoles? Disfrazar uno de luto...
y esperar a que los otros acuden ¡a darle el pesame!
(un chiste del amigo Victor El Delgado)
J'imagine la tête de quelques amis "délicats" si je leur présentais ce plat, qui me met pourtant en appétit féroce dès le petit matin...
RépondreSupprimer"Tu aurais une recette de beurre d'escargot ?"
"Non, je ne savais même pas qu'on pouvait les traire !"
OOOOh ! butifarra negra, morcilla comme ces mots chantent à mon oreille....vacances, weekends, vignes, oliviers, pinèdes....je ne connais personne qui n'aimerait pas....peut-être ceux qui n'ont pas goûté ???
RépondreSupprimerj'adooore ce blog qui me fait rêver...
escargots-boudin, on en a mangé quelque fois en Catalogne, c'est très bon ; un voisin collectait les bêtes à corne du voisinage chez mes parents. Je n'ai jamais testé encore, je les achète en bocaux, cuits au naturel et je les retravaille. Paut-être un jour..
RépondreSupprimer@Patrick : je ne connaissais pas la blague du beurre d'escargot ;-) pour la délicatesse de certains invités, a casa LaFrancesa on ne passe pas la porte si on n'est pas aventuriers ;-)
RépondreSupprimer@Agnès : merci Agnès, je parle de mon environnement immédiat ;-) moi ce sont les mots "andouille", "époisses", "beurre salé breton", etc qui me font saliver ;-)
Bon, je ne suis pas très escargot, tu ne m'en voudras pas... :)) Mais ce bar social a un petit parfum hors du temps qui me plait bien...
RépondreSupprimer@Tiuscha : le long des routes en Espagne, dès qu'il aplus on voit des gens qui ramassent les escargots... pour aller les vendre au marché!
RépondreSupprimer@Laurent : exactement, et pourtant la clientèle est très variée
Très sympa cette idée de bar social !
RépondreSupprimeret tu parviens à rendre apétissants les escargots... Je ne sais plus où j'en suis avec les escargots, ils m'attendrissent lorsque je les croise dans la nature et je les dépose sur le côté pour qu'ils ne se fassent pas écraser. Et en même temps je les croquerais bien...
Dilemne, comme souvent...
Amitiés d'Isa-Marie
Mais voilà comment manger des escargots simplement et sans toujours masquer leur goût derrière une tonne d'ail ! Le boudin noir ! Je suis autant surpris qu'intéressé, je sens que je vais essayer.
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